
Origine du poisson Guppy (Poecilia reticulata) : histoire, nom, aire native et introductions dans le monde
Poisson d’eau douce parmi les plus populaires, le Guppy (Poecilia reticulata) fascine par sa plasticité, sa reproduction vivipare (souvent qualifiée d’ovovivipare en aquariophilie) et sa diffusion planétaire. Pour bien le comprendre : son histoire scientifique, l’origine de son nom, son aire de répartition native et les introductions menées au XXe siècle, notamment dans la lutte contre les moustiques.
Guppy : vivipare ou ovovivipare ?
Le Guppy appartient à la famille des Poeciliidae, groupe emblématique de poissons qui mettent au monde des alevins déjà formés. Dans l’usage aquariophile, on parle volontiers d’ovoviviparité : la fécondation est interne, la gestation a lieu dans l’oviducte maternel, et les embryons utilisent principalement leurs réserves vitellines, avant une mise bas d’alevins autonomes. D’un point de vue pratique pour l’aquariophile, on retient surtout la gestation interne et la naissance d’alevins viables, qui expliquent la réputation de « million fish » du guppy.
Cette reproduction explique la dynamique des populations en aquarium : maturité rapide, portées fréquentes et capacité d’adaptation élevée. Elle justifie également des bonnes pratiques : équilibrer le ratio mâles/femelles, prévoir des refuges végétaux, et gérer la diffusion des jeunes pour éviter la surpopulation.
Un nom de poisson… et de naturaliste
Le nom vernaculaire « guppy » rend hommage à Robert John Lechmere Guppy (1836–1916), naturaliste anglo-trinidadien. Après l’envoi de spécimens au British Museum en 1866, l’ichtyologiste Albert C. L. G. Günther publie la dénomination Girardinus guppii, qui ancre définitivement le nom « guppy » dans l’usage. Le binôme scientifique valide de l’espèce demeure toutefois Poecilia reticulata.
À retenir : si le naturaliste Lechmere Guppy a légué son nom commun au poisson, la paternité de la description valide revient à Wilhelm Peters (voir la chronologie ci-dessous).
Chronologie taxonomique
- 1859 : Poecilia reticulata — description par Wilhelm Peters.
- 1861 : propositions concurrentes (Lebistes poecilioides, De Filippi).
- 1866 : Girardinus guppii — description par Albert Günther, popularisant le nom « guppy ».
- Début XXe : recombinaisons (ex. Lebistes reticulatus).
- Mi-XXe : retour et stabilisation sur Poecilia reticulata comme nom valide.
Cette histoire nomenclaturale explique la coexistence d’anciens noms dans la littérature. Pour l’aquariophile, l’important est d’utiliser la référence taxonomique actuelle : Poecilia reticulata.
Où vit le guppy à l’état naturel ?
L’aire native du guppy couvre le nord de l’Amérique du Sud et certaines îles des Caraïbes : Venezuela, Guyanes, Trinidad & Tobago, Barbade, nord du Brésil, entre autres. L’espèce affectionne les petites rivières, ruisseaux, mares et canaux végétalisés, parfois des eaux légèrement saumâtres. Sa tolérance à des paramètres variés et sa fécondité expliquent sa capacité de colonisation.
En dehors de cette aire, le guppy est désormais observé dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales, le plus souvent à la suite d’introductions volontaires ou d’échappements liés à l’aquariophilie.
De la science à la santé publique : guppy et moustiques
Au XXe siècle, des programmes nationaux ont utilisé le guppy comme poisson larvivore pour réduire les larves de moustiques (paludisme, dengue, etc.). L’espèce a ainsi été introduite ou favorisée dans de nombreux pays tropicaux et subtropicaux. Cette pratique s’inscrivait dans une approche intégrée de lutte anti-vectorielle, en complément d’actions environnementales et sanitaires.
Nuance importante : on lit parfois que le guppy aurait été « introduit par l’OMS ». En réalité, l’Organisation mondiale de la santé documente et cadre l’usage des poissons larvivores ; les déploiements ont été menés par des autorités locales et des programmes nationaux.
Impacts écologiques des introductions
Hors de son aire native, Poecilia reticulata peut devenir une espèce invasive : compétition avec des poissons locaux, prédation sur les macro-invertébrés, transmission de parasites et altération des communautés aquatiques. De plus, les retours d’expérience montrent une efficacité variable du guppy sur les populations de moustiques, parfois faible au regard des coûts écologiques potentiels.
Conclusion responsable : l’usage de poissons larvivores doit s’inscrire dans des protocoles évalués, avec suivi écologique, et ne remplace pas les autres mesures (assainissement, gestion des gîtes larvaires, protection individuelle).
Culture aquariophile & conseils responsables
En aquariophilie, le guppy est apprécié pour sa taille modeste, ses couleurs, son dimorphisme sexuel marqué et sa reproduction accessible. Cette facilité demande toutefois des règles de bonne conduite pour respecter la biodiversité et conserver des souches saines.
- Bacs spécifiques par espèce/souche : éviter les hybridations, notamment avec Poecilia wingei.
- Paramètres stables : eau propre, bien oxygénée, changements réguliers et progressifs.
- Alimentation variée : flocons/granulés de qualité, proies vivantes ou congelées adaptées.
- Gestion des naissances : ratio M/F équilibré, refuges végétaux, diffusion responsable des jeunes.
- Traçabilité : fiches de souche, photos datées, informations d’origine.
- Éthique : ne jamais relâcher de poissons en milieu naturel ; privilégier clubs, bourses et associations pour les surplus.
FAQ — Origine & histoire du Guppy
Qui a « découvert » le guppy ?
Le naturaliste R. J. Lechmere Guppy a envoyé des spécimens de Trinidad au British Museum en 1866, ce qui a conduit A. Günther à publier le nom Girardinus guppii. Toutefois, l’auteur de la description valide de l’espèce est Wilhelm Peters (1859) avec Poecilia reticulata.
Le guppy est-il ovovivipare ?
Dans l’usage aquariophile, oui : on parle d’ovoviviparité pour désigner la gestation interne et la naissance d’alevins formés. Biologiquement, on décrit une viviparité où l’embryon tire surtout sur les réserves vitellines.
Où se situe son aire native ?
Le guppy est originaire du nord de l’Amérique du Sud et des Caraïbes (Venezuela, Guyanes, Trinidad & Tobago, Barbade, nord du Brésil, etc.).
Qui l’a introduit contre les moustiques ?
Des programmes nationaux de santé publique ont utilisé le guppy comme poisson larvivore, dans une stratégie de lutte anti-vectorielle intégrée. Les documents internationaux décrivent et encadrent ces usages, sans être des introductions « directes » par une organisation mondiale.
Le guppy est-il invasif ?
Il peut l’être hors de son aire native : risques de compétition, de prédation sur la faune locale et de parasites. L’efficacité anti-moustiques est variable ; une évaluation au cas par cas s’impose.
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