Comment expliquer une mortalité importante de guppys ? Causes fréquentes, diagnostic pas à pas et solutions
Les guppys (Poecilia reticulata) sont robustes, mais sensibles aux variations brutales et aux toxiques. Ce guide vous aide à identifier la cause d’une mortalité anormale (qualité d’eau, pollution, suralimentation, manque d’oxygène, maladies comme les oomycètes de type Saprolegnia ou les infections « aspect coton ») et à mettre en place dès aujourd’hui des actions correctives.
1. L’eau : première cause de mortalité
La « mauvaise » eau ne signifie pas seulement un pH extrême : ce sont surtout les toxiques (chlore/chloramines, ammoniac, nitrites), les variations rapides de paramètres (pH, température), et une dureté inadaptée qui affectent les guppys.
1.1 Chlore & chloramines
- Eau du robinet : toujours utiliser un conditionneur anti-chlore/chloramines avant d’introduire l’eau dans l’aquarium.
- En cas d’oubli : mortalité rapide, branchies irritées, poissons qui « toussotent ». Réagir par un gros changement d’eau correctement conditionnée + aération forte.
1.2 Température
- Maintenance chauffée et stable : viser ~23–25 °C (alevins 25–26 °C). Éviter < 22 °C durablement.
- Les chocs thermiques (eau neuve trop froide/chaude) provoquent des morts subites. Toujours apparier la température lors des changements.
1.3 pH, GH, KH : viser la stabilité
- pH toléré : ~6,8–7,8. Stabilité > chiffre « idéal ».
- GH : ~8–12 °dGH ; KH : ~3–8 °dKH pour tamponner le pH.
- Éviter les « correcteurs instantanés » qui font yo-yo. Ajuster plutôt GH/KH (mélange robinet/osmose, sels adaptés).
1.4 Cycle de l’azote
- NH₃/NH₄⁺ (ammoniac) et NO₂⁻ (nitrites) doivent être à 0 mg/L. Les NO₃⁻ (nitrates) idéalement < 20 mg/L.
- Symptômes d’intoxication azotée : respiration rapide, nageoires serrées, poissons en surface ou collés au filtre.
2. Polluants domestiques et métaux
- Bassines/épuisettes contaminées par des détergents : un simple résidu suffit à empoisonner le bac. Utiliser du matériel dédié, rincé abondamment et réservé à l’aquarium.
- Nettoyants vitres/aérosols près du bac : couvrir l’aquarium pendant le ménage, pulvériser loin du bac.
- Métaux (cuivre, plomb dans anciennes canalisations) : laisser couler l’eau froide quelques instants, utiliser un conditionneur « heavy metals », filtrer sur charbon actif neuf en cas de doute.
- Vinaigre : OK pour les vitres extérieures. Ne jamais verser d’acide/produit dans l’eau du bac.
3. Suralimentation et « intoxication alimentaire »
Les restes se décomposent → ammoniac/nitrites → baisse d’oxygène → proliférations opportunistes (aspect « coton » sur plaies, nageoires qui fondent). Règle simple :
- Tout doit être mangé en 2–3 minutes (au plus tard 5 min). Retirer les restes.
- Privilégier petites rations plus fréquentes à la place d’un « gros repas ».
- Adapter la dose au nombre réel de poissons (et pas à l’« impression »).
4. Oxygène, CO₂ et surpopulation
- Hypoxie nocturne : la nuit, les plantes consomment de l’oxygène et rejettent du CO₂. Prévoir un brassage doux ou une pierre à air.
- Surpopulation : base prudente ~1 adulte/5–8 L (selon filtration). Trop de poissons = O₂ bas, NO₃⁻ haut.
- Des guppys haletants en surface ou massés près de la sortie du filtre = alerte O₂.
5. Plantes, odeurs et décomposition
Les plantes aident (stabilité, refuges, nitrates), mais feuilles mortes et racines pourrissantes libèrent des composés organiques et peuvent faire baisser l’oxygène. Signes : eau trouble, odeur âcre, film gras.
- Tailler et retirer les feuilles abîmées.
- Siphonner les débris, limiter la fertilisation si apparition d’algues filamenteuses massives.
- Ne pas enterrer les rhizomes (Anubias, Microsorum) pour éviter la pourriture.
6. Maladies opportunistes : Saprolegnia, « mycose de la bouche » & co.
6.1 Saprolegnia (oomycète « type champignon »)
Aspect cotonneux blanc/gris sur plaies/nageoires, souvent chez des poissons déjà affaiblis (mauvaise eau, stress). Mesures :
- Isoler le sujet atteint, améliorer l’eau (changement partiel + aération), nettoyer le bac.
- Utiliser si besoin un traitement antifongique aquariophile en suivant la notice. Gants conseillés lors des manipulations.
6.2 « Champignon de la bouche »
Souvent confondue avec une mycose, l’atteinte de la bouche d’aspect « coton » est fréquemment due à une bactérie (flore de type Flavobacterium, dite « Columnaris »). Elle progresse vite si l’eau est trop froide et sale.
- Isoler, augmenter doucement la température dans la plage de maintenance, nettoyer, changer l’eau.
- Suivre un protocole de traitement bactérien du commerce si nécessaire (conforme aux réglementations locales), et renforcer l’oxygénation.
Important : l’eau propre et stable reste la première « thérapie » et la meilleure prévention.
7. Plan d’action d’urgence (checklist en 30 minutes)
- Tester immédiatement : NH₃/NH₄⁺, NO₂⁻, NO₃⁻, pH, température.
- Changer 30–50 % de l’eau avec une eau conditionnée (anti-chlore/chloramines) à même température.
- Booster l’oxygène : augmenter le brassage / ajouter une pierre à air.
- Stop nourrissage 24 h ; siphonner les restes et déchets.
- Contrôler le filtre : il doit tourner en continu ; ne rincez pas les masses sous le robinet (rincez dans l’eau retirée).
- Suspect de toxique (produit ménager, aérosol) : ajouter charbon actif neuf dans le filtre, aérer, répéter un changement partiel le lendemain.
- Isoler les poissons très atteints, observer les signes (cotons, ulcères, nageoires fondues) et traiter de façon ciblée selon l’atteinte.
8. Prévention durable : routine simple et sûre
- Changements d’eau : 20–30 %/semaine (adapter à la densité), eau conditionnée et à même température.
- Alimentation : petites rations, tout mangé en 2–3 min, un jour « léger » par semaine si bac chargé.
- Photopériode : 8–12 h de lumière, obscurité la nuit.
- Quarantaine : 2–4 semaines pour toute nouvelle souche.
- Matériel dédié : seaux/épuisettes réservés à l’aquarium, jamais de détergent.
- Population : viser des densités prudentes, planifier les naissances (séparation des sexes si besoin).
FAQ
L’eau du robinet peut-elle tuer des guppys ?
Oui si elle n’est pas conditionnée (chlore/chloramines) ou si un choc thermique survient. Conditionnez et appariez la température.
Mon bac sent mauvais : que faire ?
Odeur âcre = charge organique élevée. Retirez feuilles mortes/restes, changez 30–50 % d’eau, augmentez le brassage, vérifiez NO₂⁻/NO₃⁻.
Mon eau de puits/eau de pluie convient-elle ?
Uniquement si testée et sécurisée (pas de pesticides/métaux). À défaut, préférez l’eau du robinet conditionnée (ou mélange avec osmose).
Quelle « règle » de population appliquer ?
Base prudente ~1 adulte/5–8 L selon filtration et entretien. Mieux vaut plus de volume que trop de poissons.
Les « champignons » de la bouche sont-ils toujours des mycoses ?
Non. L’aspect coton oral est souvent bactérien (type « Columnaris »). Isoler, améliorer l’eau et suivre un traitement adapté du commerce si besoin.
Enregistrer un commentaire